Faut-il reporter, une nouvelle fois, les élections régionales et départementales des 13 et 20 juin ? La dégradation de la situation sanitaire a rouvert le débat et l’exécutif dit s’en remettre à l’avis que rendra le Conseil scientifique ce dimanche. Il est pourtant peu probable que le conseil présidé par le professeur Delfraissy se prononce de manière binaire sur l’opportunité d’organiser ou non le scrutin. L’an dernier, pour les municipales, il avait jugé impératif de sécuriser les opérations de vote et listé les règles sanitaires à respecter. Ainsi, le second tour des municipales avait pu se tenir en juin 2020, dans des conditions bien meilleures que lors du premier tour le 15 mars 2020, veille du confinement. En trois mois, nous avions aussi appris.
Aller voter, en démocratie, ne peut pas être moins essentiel que d’aller à l’école, au travail ou au supermarché.
Aujourd’hui, avec ce que nous connaissons du virus, avec des masques et du gel hydroalcoolique à profusion, avec sans doute, en juin, un pourcentage non négligeable de la population vaccinée, il faudrait donc se poser la question d’un nouveau report d’élections locales majeures… Les régions et les départements, qui portent le développement économique, le social, les transports, les lycées et les collèges ; qui se démènent depuis un an pour amortir la crise dans nos territoires, verraient donc leur rendez-vous avec les Français dissous dans la campagne présidentielle. Pourrait-il en être autrement si les régionales et les départementales devaient se dérouler à l’automne, à six ou sept mois de l’élection du président de la République ? Peut-être est-ce le calcul d’Emmanuel Macron, qui pressent un naufrage pour ses candidats aux élections de juin ? À moins que ce ne soit la volonté de fragiliser des présidents de région très critiques envers l’exécutif sur la gestion de la crise sanitaire ?
Espérons que non, car il est déjà difficile de mobiliser les électeurs dans le contexte actuel, les municipales chaotiques de 2020 l’ont hélas démontré. Les Français ont la tête ailleurs en ce début de printemps. Cela explique sans doute les 71 % d’entre eux qui se disent favorables à un report, selon un sondage publié vendredi*. Pourtant, décaler une deuxième fois les élections régionales et départementales seraient une erreur, car aller voter, en démocratie, ne peut pas être moins essentiel que d’aller à l’école, au travail ou au supermarché.
Bruno Botella, directeur de la rédaction d'Acteurs publics.
* Sondage Odoxa-Backbone Consulting pour France Info et Le Figaro.
