L’ouverture des Etats généraux de la Justice (EGJ) le 18 octobre 2021 par le président de la République a rappelé l’importance du lien qui doit exister entre les citoyens et la Justice. Cette séquence doit permettre de comprendre et de répondre à la méfiance grandissante des citoyens vis-à-vis de leur Justice, méfiance qui ne cesse de s’accroître si l’on en croit les baromètres d’opinion. Les Français regrettent un manque de transparence, mais aussi un sentiment de laxisme1. En mai 2021, l’IFOP relevait en effet que « 51 % des Français témoignent de l’inquiétude » vis-à-vis de la Justice.
De plus, malgré les conséquentes augmentations du budget de la Justice (+8%) en 2021 et 2022, les professionnels du droit déplorent de leur côté un manque de moyens. Les conditions de travail, qui pâtissent de ces insuffisances, nourrissent des tensions entre magistrature et gouvernement : en témoigne l’audience de rentrée de la Cour de cassation, et le vif échange entre le procureur général François Molins et le garde des Sceaux. Tribunes et manifestations sont ainsi devenues le corollaire d’une justice exsangue qui ne parvient plus à remplir convenablement ses missions d’intérêt général.
Afin de conjurer ce manque de confiance, le ministère de la Justice mise sur l’acculturation des citoyens à ses rouages et concentre ses efforts sur le développement d’outils de pédagogie. A ce titre, pourrait être envisagée la passation d’une convention de partenariat entre les ministères de la Justice et de l’Education nationale, qui permettrait aux élèves de se familiariser le monde de la Justice et ferait notamment écho aux expérimentations des juridictions en primaire. Par ailleurs, la Chancellerie renforce la Justice de proximité, en permettant un traitement plus rapide des affaires les moins graves pour un périmètre géographique restreint, au moyen notamment de l’ouverture de 1 000 postes de contractuels.
L’institution judiciaire doit repenser la mise en œuvre de ses réformes en systématisant les cycles de conduite vertueux
Certes, l’augmentation des moyens constitue un préalable pour pallier les dysfonctionnements qui nuisent à l’image de la Justice, puisqu’elle permet d’assurer la mise en œuvre de chantiers stratégiques (revue de la politique d’emploi, transformation numérique, etc.). Mais le lancement de réformes ne peut suffire, seul, à restaurer la confiance. En effet, celles-ci sont trop souvent appréhendées sous l’unique prisme des résultats escomptés. Or, pour que les réformes prennent tout leur sens, leurs résultats doivent être effectifs et conformes aux attentes, mais également perceptibles par le citoyen.
L’institution judiciaire doit donc repenser la mise en œuvre de ses réformes en systématisant les cycles de conduite vertueux : étude d’impact, expérimentation, généralisation, évaluation puis ajustements, et enfin une communication continue. Pour atteindre tous les publics, à commencer par les jeunes, celle-ci doit poursuivre son investissement sur les nouveaux médias sociaux comme Twitch, plateforme de diffusion de vidéos en direct permettant une grande interactivité avec son audience.