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Le projet de suppressions de postes de Valérie Pécresse taclé par un think tank

L’objectif de la candidate de la droite à la présidentielle de supprimer 200 000 postes dans la fonction publique n’est pas souhaitable et, probablement, irréalisable, selon Terra Nova. Le think tank proche de la gauche en profite pour relativiser l’ampleur de l’administration “administrante” ciblée par Valérie Pécresse.

La candidate Les Républicains à l’Élysée veut supprimer 200 000 postes dans la fonction publique.

Les propositions de Valérie Pécresse passent au banc d’essai. Terra Nova vient de publier une note très critique à propos de sa promesse de supprimer 200 000 postes dans la fonction publique si elle venait à être élue présidente de la République. Un objectif non réalisable et non souhaitable, selon ce think tank classé à gauche, qui n’hésite pas à parler de “mécomptes” de la part de la candidate de la droite à la présidentielle. 

“Il est douteux que Valérie Pécresse parvienne à mener à bien son projet, explique l’auteure de cette note, la spécialiste des transformations numériques de l’action publique Mathilde Bras. Il est même douteux qu’il faille le mener à bien.” “Brandir des objectifs chiffrés de suppressions de postes n’est sans doute pas la bonne méthode”, ajoute l’ex-directrice du programme “Entrepreneurs d’intérêt général” au sein d’Etalab, aujourd’hui consultante indépendante. 

40 000 départs par an

Pour le think tank, il serait ainsi “improbable” de supprimer, par le “seul moyen” du non-remplacement des départs, 200 000 postes en cinq ans dans l’administration que Valérie Pécresse qualifie d’“administrante”. À savoir précisément les postes de “fonctionnaires qui gèrent des normes et des procédures”, selon les propres termes de la présidente de la région Île-de-France qui, après ces 200 000 suppressions de postes, entend en recréer 50 000 “dans les 3 missions essentielles de l’État (protéger, éduquer, soigner)”. 

Ce recours au non-remplacement “risque de s’avérer insuffisant”, explique en effet Mathilde Bras, en indiquant qu’un rythme de 40 000 départs par an serait nécessaire pour atteindre l’objectif de 200 000 suppressions de postes. “En 2020, dans la fonction publique d’État, on en a compté 42 640, développe l’auteure. Mais ces départs englobaient des agents de terrain comme les enseignants et pas seulement des postes en bureau.” Selon elle, cette méthode du non-remplacement risquerait ainsi de “se révéler très dysfonctionnelle”. 

Après avoir exprimé des doutes sur le recours aux contractuels et à l’externalisation, Terra Nova dresse également, dans sa note, un état des lieux de l’emploi public. Un emploi qui, selon le think tank,“n’est pas dans une croissance incontrôlée”. Cette note est l’occasion pour le think tank de revenir sur le terme d’“administration administrante” utilisé par Valérie Pécresse. 

L’ampleur de l’administration “administrante” relativisée

Cette administration “ne représente qu’une faible part des emplois publics” (310 000 environ), affirme Mathilde Bras. “À moins de l’amputer des deux tiers et d’escompter un choc de productivité de 200 % en 5 ans, ce gisement d’emplois publics ne suffira pas à satisfaire les ambitions de Valérie Pécresse”, ajoute-t-elle.

Pour étayer son propos, le think tank se réfère notamment aux données contenues dans le dernier rapport annuel sur l’état de la fonction publique, dans lequel la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) a consacré un dossier à la répartition territoriale de l’emploi civil de l’État. De quoi battre en brèche certaines idées reçues. Hors armée et gendarmerie, les services nationaux ne concentrent ainsi que 7,3 % de l’emploi civil de l’État en 2019, y est-il indiqué. Précisément un peu plus de 161 000 emplois sur les quelque 2,2 millions que compte ce versant. Parmi ces emplois en services nationaux, seuls 65 000 sont occupés par des agents des administrations centrales des ministères. “Si l’on ajoute les personnels des rectorats, des préfectures et de l’administration territoriale de l’État, on arrive à un total de 310 000 emplois environ”, indique la note de Terra Nova.

Le rapport de la DGAFP donne également des détails sur la répartition territoriale de ces emplois d’administrations centrales. S’ils sont “fortement concentrés” en Île-de-France (à 73 %), les autres régions accueillent malgré tout 27 % de leurs agents. Les effectifs ne sont donc pas forcément là où certains le croient [cliquez ici pour consulter notre article sur les enseignements du rapport de la DGAFP]. 

Une contre-proposition : améliorer la performance de l’administration 
Plutôt donc que de supprimer des postes, “on ferait mieux de se demander ce qui est attendu de la fonction publique et comment la rendre plus efficace et alignée avec les défis qui s’ouvrent à nous”, explique Terra Nova. “Si l’on veut réellement réduire l’administration administrante, il faut commencer par investir dans une amélioration de sa performance, une administration plus productive en interne, et surtout une administration plus proche et facilitante auprès de ses bénéficiaires”, ajoute le think tank.

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