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Retour en force du Parlement face à un Président contraint

La perte de la majorité absolue à l’issue du second tour des élections législatives ce 19 juin place le chef de l’État dans une situation inédite, aux allures de crise politique. Plusieurs voix s’élèvent à droite pour que LR ne joue pas les supplétifs et reste dans l’opposition. L’extrême droite réalise, elle, une percée historique.

La crise politique guette. Cinq ans après son arrivée au pouvoir, le président de la République, Emmanuel Macron, réélu en avril, perd la majorité absolue à l’Assemblée nationale (289 sièges) et se retrouve sous contrainte après une défaite sans précédent à l’issue du second tour des élections législatives, le 19 juin. Son parti, La République en marche (LREM), qui détenait à lui seul 305 sièges en 2017, n’en conserve plus que 170.

Avec ses alliés (MoDem, Horizons et Agir), il totalise péniblement 246 sièges, dont 46 pour le MoDem et 26 pour Horizons. Bien loin des 275 dont pouvait se prévaloir en 1988 Michel Rocard, le seul Premier ministre de la Ve République qui ait eu jusqu’ici à gouverner avec une majorité relative. Dans un bref discours, la Première ministre, Élisabeth Borne, a appelé au rassemblement en évoquant les “sensibilités multiples”. Certains ténors de la majorité et du gouvernement ont formulé des offres de mains tendues sur les plateaux télévisés.

Positionnement délicat des Républicains,
tour de force de l’extrême droite

Sur le papier, la droite pourrait permettre à la “macronie” de gouverner, mais les choses semblent plutôt mal parties. La semaine prochaine mettra le parti de la rue de Vaugirard à rude épreuve. “Je ne crois pas que l’on puisse être la roue de secours d’un macronisme en déroute”, a prévenu le député LR des Alpes-Maritimes (réélu) Éric Ciotti, qui pourrait être tenté de se présenter à la présidence du futur groupe LR. “Nous resterons dans l’opposition”, a tranché le patron de LR, Christian Jacob.

Le maire LR de Meaux et ancien ministre Jean-François Copé, quant à lui, tente de convaincre des amis politiques de nouer un pacte de gouvernement. “On est en train de disparaître, a-t-il mis en garde. La droite à un rôle historique à jouer et pas pour jouer la béquille de qui que ce soit.” Avec 64 sièges, la droite (LR et l'UDI) sauve les meubles, mais l’extrême droite, réalisant un tour de force, lui dame le pion.  

Avec 89 sièges, le parti de Marine Le Pen réalise un score historique, très supérieur à sa meilleure performance, en 1986 (35 députés) qui, à l’époque, s’appuyait sur un scrutin à la proportionnelle. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et traduit l’ancrage croissant du parti dans la société et dans les institutions. Un fait historique sous la Ve République.

L’Assemblée nationale, grande gagnante

La vieille dame façonnée en 1958 par le général de Gaulle est ébranlée et ne paraît plus en mesure d’offrir au président de la République la stabilité politique pour laquelle elle a été créée. Le Président Macron, qui a cultivé une posture jupitérienne depuis cinq ans, a perdu son pari. S’il a été réélu – une performance sous la Ve République –, il n’a pas réussi l’opération de confirmation alors que telle était jusqu’ici la vocation des élections législatives. Il achève sa présidence de l’Union européenne sur un résultat qui ne manquera pas d’inquiéter nos partenaires. 

Le Parlement apparaît, lui, le grand gagnant de ces élections. Démonétisée, marginalisée, l’Assemblée nationale redevient le centre de gravité politique du pays. Et, avec des extrêmes aussi puissants, un lieu de dramatisation de l’arène politique. Pour le meilleur et pour le pire. Le retour en force du Parlement intervient paradoxalement alors que, dans tous les partis, de nombreuses voix se sont élevées durant la campagne présidentielle pour réformer les institutions. 

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