Permettre aux agents des collèges d’échanger, de se former et d’évoluer dans d’autres directions. Voici l’ambition de l’école des savoir-faire créée en Seine-Saint-Denis. À l’origine de ce projet, figure la fusion entre un service chargé de la restauration et un autre regroupant les agents techniques des collèges. “La réorganisation consistait à mettre les deux entités ensemble et à réunir tous les agents qui rendent service aux collégiens, qu’ils soient en face des jeunes ou dans les cuisines centrales”, expose Samira Ouardi, cheffe du service “Accueil, restauration durable et entretien des collèges” au département de la Seine-Saint-Denis.
L’objectif premier de cette école est de créer de la fluidité dans les parcours et ainsi permettre à un agent de commencer dans l’entretien pour ensuite avoir la possibilité d’aller vers la restauration ou l’accueil. “Même avec des profils de formation différents, la carrière peut évoluer vers d’autres métiers dans d’autres directions, analyse Samira Ouardi. Nos agents rendent tous un service public aux mêmes usagers, il est donc intéressant de participer à un projet commun et de parler d’une même voix.”
Démarche “qualité et usagers”
Cette école des savoir-faire a également été pensée pour faire coexister ce collectif de travail et mener le grand projet de transformation du modèle de la restauration dans les collèges, dans une démarche “qualité et usagers” qui doit être portée par l’ensemble des métiers, que ce soit en restauration, entretien, maintenance ou accueil. “Il était nécessaire d’enclencher ce grand projet de transformation et d’amélioration du service public, traduit Samira Ouardi. La réflexion autour de la question des compétences, des qualifications et aussi des savoir-faire doit être en adéquation avec le service public que l’on veut rendre.”
La création de la structure est également née d’un constat. L’offre de formation destinée aux métiers concernés n’est pas adaptée autant au niveau de l’implantation géographique des lieux de formation que des formats et modalités d’apprentissage en eux-mêmes. “Et d’un autre côté, on se rendait compte qu’il y avait de nombreux talents dans nos équipes, met en avant Samira Ouardi. Les métiers de nos agents dans les collèges ne sont pas suffisamment reconnus dans leur richesse et leur complexité, dans la mesure où l’on apprend beaucoup sur le terrain et de pair à pair.”
Un dernier élément a motivé la création de ce nouvel espace : “Les 1 500 agents travaillant dans nos 130 collèges et dont certains font le même métier ne se rencontrent jamais, il y avait une animation à faire. La personne qui accueille les jeunes dans les réfectoires n’est jamais entrée dans une cuisine centrale.” Il était donc nécessaire de se doter d’un outil qui puisse être à la hauteur des besoins de formation mais aussi de valorisation des métiers et de faire en sorte que les agents puissent mettre leurs propres savoir-faire à la disposition des autres.
Un programme de formation existe d’ores et déjà et sera enrichi dans les mois et années qui viennent. “Pour l’instant, il n’y a pas de lieu physique dédié, explique Samira Ouardi. L’ambition est de faire évoluer cette école autour d’un bureau qualité dans lequel des techniciens délivrent des formations sur les métiers de la restauration, l’entretien ou encore l’accueil.” Pour l’heure, 40 ateliers sont proposés avec l’objectif d’en faire bénéficier 400 personnes.
Aussi acteur de la prévention
Par ailleurs, un dispositif de mentorat sera mis en place avec, pour les nouveaux entrants, la possibilité d’être accompagnés les premiers jours, notamment en allant observer comment se passent les choses sur le terrain et même dans d’autres services.
Les agents vont également participer à l’élaboration des programmes de formation avec la présence d’au moins 4 représentants de terrain qui viendront exposer leur point de vue au comité dédié. “Nous allons aussi prendre le temps d’aller repérer sur le terrain les agents les plus expérimentés pour mettre en avant les bonnes pratiques”, explique Samira Ouardi. Cette école interviendra également en tant qu’acteur de la prévention, notamment sur les questions de pénibilité au travail. “Sur ce thème, il n’y a pas d’autre solution que d’investir en amont sur l’humain”, glisse Samira Ouardi.
L’initiative a aussi été pensée afin d’améliorer la qualité de vie au travail des agents. “Si le travail des agents techniques de collège est souvent peu mis en lumière, la crise a rappelé combien il était essentiel à la continuité et au bon fonctionnement des établissements scolaires, a déclaré Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis. C’est cet engagement et ces savoir-faire précieux que nous souhaitons davantage valoriser en lançant notre école des savoir-faire. En renforçant l’accompagnement de nos 1 500 agents dans leur quotidien et l’évolution de leur carrière, nous leur permettrons de faire face à l’évolution de leurs métiers, mais aussi d’améliorer leur cadre de vie au travail.”
