Les promesses sont légion en cette période d’élection. Elles motivent toujours, obligent souvent et déçoivent parfois. Les citoyens, dont la confiance envers la parole publique est de plus en plus dégradée, finissent par se demander si la réalité ne tiendrait pas dans l’adage : « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». Pour porter un vent d’optimisme concret, nous avons souhaité partager les coulisses d’un engagement tenu, grâce à ceux qui le portent et qui y croient. Seulement, pour qu’une idée devienne réalité, nous avons tiré de cette expérience une conviction : il faut rassembler les énergies, convaincre le plus grand nombre, et apprendre à créer des ponts entre des acteurs publics, privés et associatifs, qui trop longtemps n’ont pas su collaborer.
Lorsqu’à la fin du mois de janvier, le film de Thomas Khruitof, Les Promesses, est sorti en salle, nous avions presque fini de réaliser la nôtre, ici, à Clichy-sous-Bois. En s’inspirant de cette ville pour réaliser son film, le réalisateur a donné un corps et une voix à notre quotidien. En filmant le combat de Clémence et de Yazid (la maire et son directeur de cabinet dans le film) pour réhabiliter une cité, il a offert une vitrine à nos idées et à notre engagement. Non seulement parce que c’est ici, dans la cité du Chêne Pointu, qu’est né son alter ego fictif des Bernardins, mais surtout parce qu’il a su montrer, sans jugement ni arrangement, les obstacles qui se dressent entre les paroles et les actes. Parce qu’il a su lever le voile, avec brio et nuances, sur les solutions que nous trouvons ensemble pour contourner ces obstacles.
Un nouveau modèle construit, en partant des besoins des citoyens et des partenaires
Passons donc de la fiction à la réalité. Depuis plus de deux ans, nous œuvrons de concert avec une multitude d’acteurs pour que nos promesses se concrétisent. Avec la création de La Passerelle Sodexo à Clichy-Sous-Bois, ce sont les pouvoirs publics (ANRU, mairie, établissement public territorial Grand Paris Grand Est, Pôle Emploi, mission locale), des entreprises (Sodexo à l’initiative du projet), des associations (La Croix Rouge Insertion, la direction de la vie associative de la ville), les habitants qui construisent ensemble les solutions d’aujourd’hui et de demain. La Passerelle Sodexo, c’est un tiers-lieu qui vient d’ouvrir ses portes. C’est surtout un nouveau modèle construit, en partant des besoins des citoyens et des partenaires, pour être durable et duplicable dans d’autres métropoles. Pour que ce nouveau modèle à impact soit pérenne, il doit donc être économiquement viable, socialement profitable, écologiquement responsable.
Comment ?
Par la création d’une légumerie en premier lieu, véritable poumon économique du modèle. Chaque année, 500 tonnes de légumes, produits par des agriculteurs locaux, seront livrées par la Croix Rouge Insertion à La Passerelle. Ils seront ensuite transformés sur place pour être livrés aux clients de La Passerelle, créant ainsi une dizaine d’emplois directs sur le territoire. Par la création aussi d’un bâtiment écoresponsable ensuite, élément d’attractivité du territoire. Par l’espoir enfin d’aider des habitants qui en sont éloignés à (re)trouver un emploi en levant une partie des freins de réintégration dans le monde du travail, comme peut l’être la garde d’enfants. La Passerelle Sodexo abritera donc une crèche pour aider les familles, monoparentales en particulier, à faire garder leur enfant pour qu’elles puissent travailler.
Rassembler tous les acteurs qui connaissent bien un territoire
Le film Les Promesses le montre parfaitement. La difficile fabrique du consensus et la tâtonnante recherche de l’intérêt commun sont aujourd’hui impossibles sans la farouche volonté de rassembler tous les acteurs qui connaissent bien un territoire. Ces acteurs sont publics, associatifs, privés. Leur ADN en tant que structure compte bien moins que l’impact qu’ils souhaitent avoir par leurs initiatives.
D’autres actions, déjà réalisées ou à venir nous poussent à croire en cette voie. Quand nous travaillons ensemble au recrutement et à la formation d’habitants de Clichy-Sous-Bois en recherche d’emploi pour les intégrer aux boutiques Lenôtre qui recherchent activement des vendeurs qualifiés, quand nous créons des ponts avec la Philharmonie de Paris pour faire de la culture un élément nécessaire au retour à l’emploi, nous construisons les bases pour qu’un projet devienne réalité. Ce que nous montre le film de Thomas Khruitof et que souligne la réalité de nos engagements, c’est que les promesses qui résistent, sont celles que l’on formule ensemble. Celles qui nous engagent toutes et tous. Si l’on se demande encore qui, de celui qui la formule ou de celui qui la reçoit, est engagé par une promesse, peut-être que la réponse n’est autre que les deux. Alors, promettons-nous de créer toujours plus de passerelles.
