Depuis l’époque de Gutenberg, nous avons grâce au numérique multiplié le nombre de données en notre possession. Et nous savons tous que les administrations et les entreprises possèdent un immense patrimoine de données, dont certaines sont inutiles.
En appliquant ce principe de préservation du papier stocké dans un entrepôt aux données numériques, nous pouvons légitimement nous demander combien de fichiers totalement inutiles sont conservés dans nos machines personnelles, dans les serveurs de nos entreprises et organisations, et dans le cloud ? Sachant que selon une étude publiée par Veritas en 2020, plus de 75% des données existantes n'ont pas été modifiées depuis plus de 5 ans (étude Vanson Bourne)
En faisant un petit retour en arrière, il a été produit et consommé 40 Zeta-Octets de données rien qu’en 2019. Si ce volume existe toujours en 2024, il est grand temps de l'analyser. Imaginons alors que 50% de ces données soient supprimables, et sachant que 20 Zeta Octets de données représentent 2 milliards de disques de 10 Térabytes, de combien de data centers pourrions-nous ainsi nous passer ?
• Mais où est le problème puisque les ingénieurs et la technologie seront toujours là pour nous permettre de stocker toujours plus, le cloud étant l’avènement ultime de ce modèle ?
• La donnée n’est-elle pas frappée d'obsolescence programmée ? Tout dépend de quel point de vue on se place.
• Dirait-on de la Bible de Gutenberg qu'elle est frappée d'obsolescence ? Nous pouvons nous poser la même question pour les données numériques.
En 2024, le cycle de vie de la donnée reste immuable : Création, Exploitation, Conservation … mais on omet trop souvent la suppression comme étape finale.
Cette hygiène doit devenir automatique, comme le tri dans un foyer, afin de se concentrer sur les données critiques et de mieux les sécuriser
Bien évidemment, la décision de supprimer une donnée n’est pas toujours simple, car on doit évaluer la valeur et la pertinence de la donnée, d’un point de vue légal, administratif, patrimonial… voire même sentimental, pour appuyer ce choix et le réaliser en toute confiance.
Cette hygiène doit devenir automatique, comme le tri dans un foyer, afin de se concentrer sur les données critiques et de mieux les sécuriser, et de profiter des économies d’échelle réalisées pour investir dans des infrastructures plus résilientes et plus performantes en adéquation avec la valeur de ces données.
Des initiatives existent déjà pour en prendre conscience. Le Digital Cleanup Day est un événement annuel visant à sensibiliser le monde entier à l'impact environnemental de l'industrie numérique. Il s’est tenu le 16 mars 2024. En France, l’institut du numérique responsable (https://institutnr.org/) participe et encourage cette journée du nettoyage numérique. Les résultats sont particulièrement éloquents, puisque sur ce même évènement en 2023, 500.000 personnes ont participé à supprimer 4.800To de données (https://institutnr.org/digital-cleanup-day-2023-bilan).
Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Alors posez-vous juste cette dernière question : quelle est la consommation en énergie pour extraire les matières premières et fabriquer, puis livrer, alimenter et refroidir ces 2 milliards de disques de 10 Térabytes ? Alors, soyez transgressif, osez enfin supprimer les données inutiles !
