Partager

3 min
3 min

Le choix d’une technicienne à Matignon

Le chef de l’État a nommé Élisabeth Borne à Matignon. Deuxième femme nommée à ce poste, cette polytechnicienne succède rue de Varenne à un magistrat de la Cour des comptes et à un membre du Conseil d’État.

Élisabeth Borne, nommée Première ministre le 16 mai 2022.

Le choix d’une femme. Trente et un ans après la nomination d’Édith Cresson à Matignon, Emmanuel Macron a choisi Élisabeth Borne pour le poste de Première ministre. Cette fois-ci pour initier son second mandat et non pour assurer une deuxième phase de mandat, comme ce fut le cas sous François Mitterrand. Un signal important que le Président actuel n’était pas parvenu à donner en 2017, malgré quelques velléités affichées en la matière à l’époque.

Avec Élisabeth Borne, le chef de l’État choisit une personnalité pourvue d’une forte expérience ministérielle. Il opte aussi pour une personnalité peu identifiée politiquement, qui n’a, jusqu’à ce jour, exercé aucun mandat local ou parlementaire et dépourvue de réseau partisan affirmé. Emmanuel Macron a aussi fait le choix d’un profil de haute fonctionnaire parfaitement rompue aux arcanes de l’appareil d’État. Un profil assez proche de celui de Jean Castex – même si lui n’avait jamais fait partie d’un gouvernement – et de l’image du “collaborateur” naguère esquissée par Nicolas Sarkozy.

Planification écologique

Ancienne ministre des Transports, de la Transition écologique et solidaire, puis du Travail, Élisabeth Borne paraît bien armée pour traiter le sujet urgent du moment : le pouvoir d’achat. La politique menée dans ce domaine sera bâtie autour de mesures ayant trait à l’énergie. Mais la résolution des problèmes de pouvoir d’achat dépendra aussi des négociations sociales entre patronat et syndicats sur une éventuelle augmentation des salaires.

À Matignon, qu’elle a arpenté voilà vingt-cinq ans lorsqu’elle conseillait Lionel Jospin durant la cohabitation, Élisabeth Borne devra mettre en place la planification écologique voulue par le candidat Macron et assurer sa mise en musique administrative. La nouvelle cheffe du gouvernement devrait pouvoir s’appuyer sur 2 ministres chargés spécifiquement de cette politique : l’un chargé de la planification énergétique l’autre de la planification écologie territoriale. Une réforme très importante pour des administrations réorganisées en 2007 sous la férule de Jean-Louis Borloo.

Quel directeur de cabinet ?

Pour mener ces réformes, l’expérience qu’a Élisabeth Borne de l’administration lui sera précieuse. Cette ingénieure générale des Ponts, des eaux et des forêts de 61 ans formée sur les bancs de Polytechnique a servi comme sous-directrice des chemins de fer à la direction des transports terrestres du ministère de l’Équipement, du Logement des Transports et du Tourisme en 1996, puis comme directrice de la stratégie de la SNCF en 2002, directrice de l’urbanisme de la ville de Paris en 2009, et préfète de la région Poitou-Charentes en 2013. Elle a ensuite dirigé le cabinet de Ségolène Royal dans le gouvernement Valls. Époque où elle a côtoyé le duo Macron-Kohler (Alexis Kohler, aujourd’hui secrétaire général de l’Élysée), alors à la tête du ministère de l’Économie.  

À Matignon, elle va changer de dimension et devra faire vivre un collectif de ministres. La marche est haute : Jean Castex était apprécié sur ce plan-là. Élisabeth Borne devra aussi s’accommoder d’un Président adepte du micromanagement. À cet égard, une question va se poser dans les prochaines heures : qui choisira-t-elle comme directeur de cabinet ? Ministre depuis 2017, elle connaît bien le personnel politico-administratif. En juillet 2020, Jean Castex avait choisi l’un des plus proches amis d’Emmanuel Macron, Nicolas Revel, magistrat de la Cour des comptes. Celui-là même qu’Édouard Philippe avait retoqué trois ans plus tôt malgré la suggestion pressante du Président. Le premier mois qui débute sera très politique et incertain.  

Avant de délivrer son discours de politique générale devant le Parlement et de solliciter ainsi sa confiance, Élisabeth Borne devra remporter les élections législatives et gagner la 6e circonscription du Calvados (Vire-Evrecy-Condé) aux élections législatives des 12 et 19 juin. Elle tentera de reprendre la circonscription d’Alain Tourret, un ancien PRG en place depuis 2012, réélu en 2017 sous la bannière LREM et qui quitte la scène parlementaire.

Partager cet article

Club des acteurs publics

Votre navigateur est désuet!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×