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Pour une renaissance (aussi) de la transformation de l’action publique

Les ministres Stanislas Guerini, Amélie de Montchalin et Christophe Béchu ont d’énormes projets de transformation sur leur bureau, avec deux priorités : proximité et numérique.

Le nouveau ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, “quadra” au profil très politique qui aura porté sur les fonts baptismaux le parti Renaissance, arrive-t-il dans le même état d’esprit dans ses nouvelles fonctions ministérielles ?

C’est à parier, quand on se penche sur son C.V. : HEC, entrepreneur dans le domaine des énergies renouvelables (Watt & Home), directeur Marketing, puis directeur de l’expérience client au sein de la multinationale Elis, il n’a fait son entrée à l’Assemblée nationale qu’en 2017. C’est donc un profil 100 % privé qui fera face aux barons de la haute fonction publique et aux organisations syndicales.

Il a, sur sa table, les dossiers de la réforme de la haute fonction publique et les discussions salariales à venir. Avec cette promesse de campagne du chef de l’État, qui veut “rebattre les cartes de l’organisation de la rémunération” et mener une “réforme complète” des grilles. Un chantier tout aussi consistant que sensible.

Nul doute que le service public devrait davantage s’inspirer des concepts et des solutions de relation clients basés sur la connaissance de ses usagers et de leurs droits au regard des services publics.

Autre chantier consistant pour le ministre : la transformation de l’action publique.

Son expérience de la relation client lui permettra-t-elle de mettre en œuvre ce que le président de la République annonçait dans son interview à Acteurs publics du 4 avril : “La boussole de notre action publique sera la proximité… Nous devons nous concentrer sur les résultats de l’action publique vus par les citoyens et les usagers”.

Pour que cette annonce se traduise dans les faits, nul doute que le service public devrait davantage s’inspirer des concepts et des solutions de relation clients basés sur la connaissance de ses usagers et de leurs droits au regard des services publics. Par exemple, une offre de renouvellement de passeport lorsque son échéance approche ou le versement automatique des aides à ceux qui y ont droit pour, comme le dit lui-même le Président, assurer à la fois le prélèvement à la source et la solidarité à la source.

Deux autres ministres auront sans aucun doute un impact sur la transformation de l’action publique.

Bruno Le Maire est toujours ministre de l’Économie et des Finances, mais plus de la Relance. Il est dorénavant chargé de la Souveraineté industrielle et numérique. Un changement d’intitulé qui exprime l’attention toute particulière apportée au numérique et à ses effets de dépendance, notamment pour les services publics. Une décision qui ne restera pas sans effet sur les offres des non-nationaux de ce secteur.

Cet objectif présidentiel de proximité de l’action publique devrait finir par réinterroger l’architecture des grands systèmes d’information de l’État.

Christophe Béchu, maire d’Angers, est nommé ministre délégué chargé des Collectivités territoriales auprès du ministre de l’Intérieur, certes, mais aussi de la ministre Amélie de Montchalin, promue à la Transition écologique, en tête d’affiche de ce nouveau gouvernement. Au titre de la Cohésion des territoires – qui complète l’intitulé de son portefeuille –, elle donnera sans doute des objectifs d’action locale numérique à ce précurseur et chantre de l’usage des technologies. Il n’y a qu’à voir ce que l’intéressé a fait à Angers en matière de French tech appliquée à un territoire.

Cet objectif présidentiel de proximité de l’action publique devrait finir par réinterroger l’architecture des grands systèmes d’information de l’État et accélérer la transformation de l’action publique locale, qu’il s’agisse de l’État “déconcentré” comme des collectivités.

Le numérique jouera son rôle dans cette transformation, le service public a largement engagé sa transformation et il saura se faire aider.

C’est à une autre révolution qu’il doit à présent s’attaquer, celle de sa politique RH, de ses modes de recrutement, de gestion des carrières, de politique de rémunérations, de formation… Car faute de s’y atteler, l’État ne réglera pas le problème de son attractivité et creusera inexorablement son déficit d’adaptation à des usages et des attentes de service en profonde mutation.

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