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Sondage exclusif : 1 agent public sur 3 juge que ses conditions de travail se sont dégradées depuis la crise du Covid-19

Malgré un taux de satisfaction élevé sur leurs conditions de travail, la moitié des fonctionnaires interrogés par l’Ifop pour Acteurs publics et Sofaxis jugent que la qualité de vie au travail n’est pas prise en compte par leur administration. De meilleures relations avec la hiérarchie, des horaires et rythmes de travail plus adaptés, un management moins vertical figurent en tête des pistes d’amélioration.

Alors que les fonctionnaires dressent un tableau globalement positif de leurs conditions de travail, celui-ci ne constitue pas pour autant un blanc-seing adressé à leur hiérarchie : la qualité de vie au travail demeure un domaine dans lequel au moins la moitié des agents attend un surcroît d’investissement, avec comme priorité la relation à la hiérarchie.

Invités à se prononcer sur leurs conditions de travail, presque trois quarts des fonctionnaires jugent celles-ci “bonnes” (73 %), quand 27 % les estiment “mauvaises”. Les jugements positifs sur les conditions de travail prévalent dans toutes les catégories de cette population, avec toutefois certaines disparités : ainsi, “seuls” 65 % des agents de la fonction publique hospitalière dressent un bilan positif de leurs conditions de travail (contre 72 % dans la fonction publique d’État et jusqu’à 78 % dans la territoriale), comme 67 % chez les fonctionnaires de catégorie C (contre 75 % dans la catégorie A et 76 % dans la B). 

La crise du Covid-19 pèse surtout sur les catégorie A

De même, une majorité de fonctionnaires (61 %) considère que la crise du Covid-19 n’a pas changé ses conditions de travail, alors que plus d’un tiers (35 %) tient la pandémie pour responsable d’une dégradation de ces conditions. Ici encore, cette appréciation n’est pas homogène au sein de la fonction publique. Ceux qui déclarent le plus pâtir de la crise du Covid-19 se trouvent ainsi chez les plus âgés (43 % chez les 60 ans et plus), chez les fonctionnaires d’État (à 45 %, devant l’hospitalière, à 37 %, et très loin devant la territoriale, à 22 %) et parmi les agents habitant dans les communes rurales (37 %). Ce sont plutôt les agents de catégorie A (42 %) qui estiment que la crise pèse négativement sur leurs conditions de travail, contre 33 % pour les catégories B et C et 29 % pour les contractuels. Parmi les catégorie A interrogés, on trouve des enseignements qui ont, pour une grande partie d’entre eux, dû assurer le suivi de leurs élèves à distance. Il y aussi des cadres et des managers qui ont géré dans la difficulté des agents absents ou en télétravail.

Bien que ces éléments – bilan majoritairement positif, impact du Covid-19 minoritaire – soient de nature à dresser un tableau idyllique des conditions de travail des agents de la fonction publique, ceux-ci se montrent extrêmement partagés sur la prise en compte elle-même de la qualité de vie au sein de leur service ou administration : 50 % l’estiment considérée par leur hiérarchie, contre 50 % de l’avis contraire.

Dans le détail, des écarts substantiels se font jour. Premièrement, corrélativement à la fonction publique de rattachement : dans la territoriale, 59 % jugent que la qualité de vie est prise en compte, contre seulement 40 % dans l’hospitalière. Deuxièmement, en fonction de la catégorie d’agents, avec un sentiment de prise en compte de ces questions qui croît à mesure que l’on descend l’échelle hiérarchique (de 45 % chez les catégorie A à 61 % chez les contractuels).

Plus de télétravail… surtout pour les catégorie B

Quels sont les leviers pour améliorer la qualité de vie au travail des fonctionnaires ? Ceux-ci concernent principalement la hiérarchie, avec 33 % de personnes interrogées qui souhaiteraient entretenir de meilleures relations avec celle-ci, 29 % qui aspirent à un management moins vertical et 26 % à un renforcement du dialogue social. L’aménagement du temps est aussi une question centrale, puisque 33 % citent l’amélioration des rythmes et horaires de travail comme vecteur de progrès, devant un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle (28 %).

Dans le détail, on observe différents schémas de revendications. Les agents de la fonction publique hospitalière mettent ainsi davantage en avant les relations avec la hiérarchie (39 %) et les horaires (38 %), quand les agents des catégories A et B insistent sur un management moins vertical (35 à 32 %), un meilleur équilibre pro-perso (31 à 32 %) et plus de télétravail (27 % chez les catégorie B).

Enfin, une information particulièrement notable : contrairement aux discours ambiants sur les valeurs particulières prêtées aux jeunes générations, au sein de la fonction publique, celles-ci n’apparaissent pas davantage que la moyenne en demande de rénovation du management ou d’aménagement spécifique des modes de travail.

Jean-Philippe Dubrulle, directeur d’études, département “Opinion et stratégies d’entreprise” de l’Ifop

L’enquête Acteurs publics-Sofaxis a été réalisée par l’Ifop par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 25 septembre 2020, auprès d’un échantillon de 789 fonctionnaires, extrait d’un échantillon de 7 070 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personneinterrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. 

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Club des acteurs publics

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