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Sonia Fibleuil : “Nous ne serons pas la police de TikTok mais la police sur TikTok”

La porte-parole de la police nationale explique comment l’arrivée de son institution sur l’application TikTok va contribuer à développer le lien entre police et jeunesse. Une offre de cocréation, “Make your police”, est ouverte pour ceux qui veulent contribuer aux contenus.

En vous lançant sur l’application TikTok, entendez-vous retisser un lien entre la police et la jeunesse ?
Plutôt que de “retisser”, il s’agit plutôt de maintenir un lien déjà fort. Car il faut regarder clairement et objectivement les choses : la police nationale a une image positive auprès de 70 % de la population. C’est un peu moins parmi les jeunes : 55 %. Il nous faut donc augmenter cette part en étant là où les jeunes sont présents, en particulier les réseaux sociaux. Ainsi, nous intervenons depuis le mois de janvier sur Snapchat, après avoir investi depuis longtemps Facebook, Twitter… Nous gardons les codes de TikTok : des vidéos courtes, d’une quinzaine de secondes, une grande précision dans le montage, un côté décalé mais pas de propos moralisateur… Nous complétons ainsi notre offre de communication en direction des jeunes.

Ces vidéos techniques et animées sont-elles réalisées en interne ? 
Nous utilisons le pôle “Réseaux sociaux” du Sicop – le service d’information et de communication de la police nationale – avec des community managers dédiés à ce projet. Surtout, nous allons coconstruire les futures vidéos avec tous les jeunes qui le souhaitent. Nous lançons ainsi un appel aux bonnes volontés, avec une offre de création que nous baptisons “Make your police”, en référence au “Make your day” de TikTok. Cette démarche est très novatrice.

Nous allons un peu vers l’inconnu parce que nous nous ouvrons aux jeunes, à ce qu’ils pourront nous proposer. 

Serez-vous en capacité de répondre à toutes les questions, toutes les réactions ?
Le réseau TikTok est très bienveillant. Et nous assumons bien sûr pleinement le fait d’être possiblement critiqués – évidemment dans la limite de la loi. Ces vidéos auront pour vocation de mettre en récit et en explications nos métiers et nos missions, nos tenues et nos uniformes, nos manières de travailler… Elles concourront à la campagne de recrutement en direction des jeunes. Il faut rappeler que 41 % des 11 millions d’utilisateurs français de TikTok sont des jeunes de 16-24 ans. Nous sommes donc dans la cible. 

Quelle sera la fréquence de vos interventions ? 
Autour de deux vidéos publiées par semaine. Il faut entretenir la flamme, multiplier nos followers. Au-delà d’un objectif quantitatif de vidéos, qui finalement importe peu, il s’agit avant tout de présenter la police dans toutes ses dimensions et de mettre en avant nos missions de service public, au service des citoyens. Et cela dans une manière de communiquer qui n’est pas et ne sera pas centralisatrice ni parisienne. Car il est important de mettre en lumière le travail de nos agents dans les territoires : nous traitons 70 % de la délinquance partout en France, 85 % de la criminalité organisée et nous intervenons une fois toutes les 10 secondes. Cet engagement doit être valorisé.

Et tout cela dans un esprit d’ouverture, de partenariats, de synergies ? 
Il s’agit bien sûr de montrer nos missions dans toutes leurs diversités alors qu’il est dans notre essence de travailler en partenariats, avec tous les acteurs de la sécurité, de la justice et des territoires. Prenez l’exemple des rodéos urbains : nous intervenons dans le cadre du continuum de sécurité. Nos vidéos montreront aussi les partenariats et les interventions en collaboration et en coopération. Surtout, nous nous ouvrons aux jeunes pour travailler avec eux. Nous ne serons pas la police de TikTok, mais la police sur TikTok. Nous développerons avec eux notre créativité, avec des contenus alternatifs, innovants, mêlant les cultures… Nous allons un peu vers l’inconnu parce que nous nous ouvrons aux jeunes, à ce qu’ils pourront nous proposer. Nous sommes à leur écoute. 

Propos recueillis par Sylvain Henry 

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Club des acteurs publics

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