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Thierry Beaudet : “Faire jouer pleinement au CESE le rôle de conseil auprès des décideurs publics”

Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) détaille pour Acteurs publics les enjeux de la conférence “des enjeux” organisée le 12 octobre par son institution. Il souligne la nécessité de penser de manière simultanée et coordonnée la réponse aux défis écologiques, numériques, économiques qui, pour lui, “ne peuvent être traités en réaction”.

Comment définir le ”futur souhaitable pour la France” ? Pourquoi cette “Conférence des enjeux” ?
Le nouveau CESE s’est installé à un moment particulier, au lendemain d’une crise sanitaire qui a mis le pays à nu et à la veille de grandes transitions qu’il nous faut préparer. J’ai souhaité que nous fixions un cap à nos travaux en commençant par identifier collectivement les grands enjeux qui se poseront au pays à l’horizon d’une génération. C’est dans cette démarche que s’inscrit la Conférence des enjeux. Elle réunit les responsables des organisations représentées au CESE pour les entendre sur les enjeux qu’ils perçoivent depuis leur organisation, et les confronter à nos propres réflexions. Il me semble que le futur souhaitable est un futur dans lequel nous aurons su mener de front 3 grands défis. Un défi sociétal, celui de l’urgence écologique et de la transmission aux prochaines générations. Un défi social et économique, autour de l’égalité et de la performance économique. Enfin, un défi démocratique pour une démocratie plus vivante et plus continue, même en dehors des temps forts des élections. Ces trois défis ne sont finalement qu’une seule et même révolution.

Quelle est la bonne méthode pour y travailler ? Comment associer tous les acteurs ?
Les défis qui nous attendent – écologiques, numériques, économiques – ne peuvent être traités en réaction, ils doivent être pensés dès aujourd’hui. Il est nécessaire de dessiner une trajectoire. La société civile peut participer à donner le sens de ce chemin. C’est la raison pour laquelle, au CESE, notre objectif est bien de faire converger les points de vue pour trouver les voies de passage vers des solutions applicables, et jouer ainsi pleinement notre rôle de conseil auprès des décideurs publics. 

On parle beaucoup de résilience... Comment définir et comment porter la résilience ?
L’érosion de la confiance dans les institutions et la succession de crises rapprochées – financière, migratoire, sanitaire – jettent une ombre sur l’efficacité des politiques publiques. Les enjeux des résiliences sont ceux qui, par nature, vont contribuer à solidifier la cohésion sociale et territoriale, nécessaire au retour de la confiance. Il s’agit d’aborder les sujets qui participent au développement d’une société plus inclusive, comme par exemple la question d’un accès aux services publics partout et pour tous ou, plus largement, aux thèmes de la protection sociale ou de l’aménagement des territoires. Pour y répondre et surtout les accompagner, il me paraît utile d’allier à l’expertise technique l’expérience des acteurs de terrain, tout comme le vécu des individus. Se priver de l’une de ces dimensions revient à se priver d’une partie de la solution.

Nous pouvons dire aujourd’hui que nous sommes l’assemblée de la société civile.

Comment accompagner les transitions : quelle approche privilégier ?
La question est : comment orienter notre modèle productif pour qu’il réponde au défi écologique, en assurant notre prospérité commune, et ce sans laisser personne au bord du chemin ? La plupart des sujets sont aujourd’hui interconnectés et portent en eux à la fois des considérations économiques, sociales, sociétales et environnementales. Accompagner les grandes transitions, c’est aussi inclure dans la fabrique de la réforme ceux qui sont à la fois sujets et acteurs de la mise en œuvre des politiques publiques.

Comment organiser les transformations sans brusquer la société ? Là encore, quelle approche privilégier ?
Il faut réconcilier les Français avec la fabrique de la décision publique. J’observe, depuis des décennies, que nos gouvernants cherchent à créer de l’alignement sur des propositions et des décisions, avec les limites que l’on observe. En réalité, il faudrait davantage créer de l’assise, pour avoir les points d’appui nécessaires à la conduite des changements dans la société. La prise en compte bien en amont de la société civile permet cela.

Quel premier regard portez-vous sur votre début de mandat ?
De là où je suis, j’observe une société qui a envie de faire et qui se prend en main. Le CESE nouveau, c’est une nouvelle composition, une nouvelle mission avec la possibilité de faire participer les citoyennes et les citoyens à ses travaux. Si certains nous définissaient jusqu’ici comme l’assemblée des seuls corps intermédiaires, nous pouvons dire aujourd’hui que nous sommes l’assemblée de la société civile. Je veux placer ma mandature sous le signe de l’utilité et de l’efficacité du CESE au service de la démocratie. Pour cela, nous devons nous rassembler autour des vrais sujets, pas seulement ceux qui font la une, mais ceux qui font l’avenir. C’est aussi le sens de la Conférence des enjeux. 

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Club des acteurs publics

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