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Exclusif : le vote RN s’affirme chez les cadres de la fonction publique

Acteurs publics s’est procuré les données compilées par le politologue Luc Rouban sur les intentions de vote des agents publics pour le premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin. Le vote en faveur du Rassemblement national “s’est durablement installé au cœur des fonctions publiques” et notamment chez ses cadres, relève-t-il en observant toutefois une “concentration du vote utile à gauche”. La “décomposition” de l’électorat macroniste se poursuit.

Marine Le Pen et Jordan Bardella, candidate et président du Rassemblement national (RN).

La tendance observée lors de la dernière présidentielle se confirme pour les élections législatives à venir : le Rassemblement national (RN) attire de plus en plus les agents publics. C’est ce qui ressort des données compilées par le politologue Luc Rouban sur leurs intentions de vote pour le premier tour de ce dimanche 30 juin. Ces données, qu’Acteurs publics s’est procurées [à retrouver en bas de cet article], sont issues de la traditionnelle enquête électorale menée par Ipsos en partenariat, notamment, avec le Cevipof de Sciences Po et le quotidien Le Monde. Une enquête menée auprès de 11 820 personnes, dont 2 500 agents publics environ.

“Bien que les élections législatives ne soient pas l’élection présidentielle et que l’offre locale de candidatures joue beaucoup, on peut néanmoins mesurer les grandes évolutions électorales au sein des fonctions publiques”, explique Luc Rouban. Et de confirmer que le vote pour l’extrême droite s’est affirmé au sein de la fonction publique, et même que “le vote RN s'est durablement installé au cœur des fonctions publiques”. 

Ainsi, 27 % des agents de la fonction publique de l’État ambitionnent de voter pour un candidat RN au premier tour des législatives. Une proportion en hausse par rapport au premier tour de la présidentielle de 2022, lors de laquelle 19 % des agents de l’État avaient voté en faveur de Marine Le Pen. Dans la territoriale, 30 % des agents comptent voter pour un candidat RN. Ils étaient 26 % à voter Marine Le Pen au premier tour d’avril 2022. Une progression du vote RN est également observée dans l’hospitalière, où 32 % des agents comptent voter pour un candidat de ce parti le 30 juin. À titre de comparaison, 27 % des agents hospitaliers avaient voté pour le Rassemblement national au premier tour de la présidentielle de 2022. 

Un bond à 24 % chez les cadres 

Dans le détail, c’est en particulier chez les cadres de la fonction publique que le vote en faveur du RN s’affirme. Au premier tour de 2022, les agents de catégorie A avaient voté à 9 % pour Marine Le Pen. Ils sont aujourd‘hui 24 % à penser voter pour un candidat RN au premier tour des élections législatives. 

Cette augmentation, explique Luc Rouban, “est due en partie aux stratégies de vote utile profitant au RN et desservant Reconquête !, puisque si ces cadres avaient voté à 8 % pour Éric Zemmour en 2022, ils ne sont plus que 3 % à penser voter pour un candidat Reconquête ! aux législatives”. En faisant toutefois le total des voix “d'extrême droite” ou de “droite radicale”, “on passe néanmoins de 20 % en 2022 (en ajoutant les voix s’étant alors portées sur Nicolas Dupont-Aignan) à 27 % en 2024 chez les cadres”, précise le politologue. 

Luc Rouban confirme que c’est surtout dans les catégories moyennes et supérieures de la fonction publique que le vote RN a progressé “puisqu'il a déjà fait le plein de voix dans les catégorie C”, avec 36 % d'intentions de vote de 2022 à 2024. À noter que le vote des enseignants en faveur du RN est quasi similaire entre le premier tour de la présidentielle de 2022 et les intentions pour le premier tour des législatives (15 et 14 % respectivement). Chez les policiers et militaires, le vote RN s'affirme en revanche sensiblement, avec 51 % d’intentions de vote pour un candidat du RN aux législatives dimanche, contre 28 % d'intentions de vote en faveur de Marine Le Pen au premier tour de 2022. 

“On ne prend ici néanmoins pas en considération les voix qui se portent également sur des candidats LR en soutien du RN ni sur certains candidats souverainistes”, tempère Luc Rouban. Mais au total, anticipe-t-il, “le potentiel électoral du RN dans les fonctions publiques est important pour le second tour des législatives car il est vraisemblable qu'une partie importante des électeurs LR du premier tour se reporteront sur des candidats RN au second tour en cas de duel avec le Nouveau Front populaire (NFP) ou avec un candidat Ensemble”. 

Vote utile à gauche et électorat macroniste en “décomposition”

Luc Rouban observe “une concentration du vote utile à gauche” dans la fonction publique, au profit du NFP. Les intentions de vote en faveur d'un candidat de cette alliance de la gauche s'élèvent ainsi à 31 % chez les agents de l’État, à 33 % chez les agents de la territoriale et à 26 % chez ceux de l’hospitalière. “Mais le total des voix se portant sur la gauche s’est réduit chez les cadres A depuis le premier tour de l’élection présidentielle de 2022, puisque l’on passe de 43 à 34 %”, explique le politologue. À noter que cette proportion d’intentions de vote en faveur de la gauche est en revanche en légère augmentation chez les agents de catégorie C puisqu’elle passe de 27 à 31 %. 

Concernant la catégorie des enseignants, “on est au mieux dans la stabilité”, puisque la proportion de votes à gauche y est passée de 49 à 47 %. “La mobilisation organisée par le NFP ne peut donc cacher le fait que, chez les fonctionnaires tout comme chez les salariés du privé, l’ensemble des gauches reste minoritaire chez les électeurs français, aux environs de 30 %”, conclut Luc Rouban.

S’agissant de l’électorat macroniste au sein de la fonction publique, sa “décomposition se poursuit”, analyse le politologue, en citant la proportion d’intentions de vote des cadres, qui passe à 24 % pour les candidats de la majorité présidentielle aux législatives de 2024 après 29 % pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2022. Chez les catégorie C, cette proportion est en baisse et passe de 28 à 17 %, tandis que la proportion d’enseignants macronistes reste “très stable”, à 23 %.

Quid des Républicains ?
À droite, c'est un “regain de LR” qui est observé parmi les agents publics. “Chez les cadres A, on passe de 4 % pour Valérie Pécresse à la présidentielle de 2022 à 8 %, sans parler des 3 % qui pensent voter pour un candidat LR soutenant le RN, explique Luc Rouban. Même dynamique chez les agents de catégorie C puisque l’on passe de 3 % pour Valérie Pécresse à 8 % pour les candidats LR et 5 % pour les candidats LR en soutien du RN.” 

Intentions de Vote FP Légis... by scobastien

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