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Ce que le gouvernement demande à la nouvelle DRH des cadres sup’ de l’État

La déléguée interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (Diese), Émilie Piette, vient de se voir remettre sa lettre de mission par le Premier ministre, Jean Castex, et la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin. Elle s’articule autour de 6 priorités. 

Le Premier ministre, Jean Castex, et la ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin.

Du pain sur la planche pour Emilie Piette, la déléguée interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État. Le Premier ministre Jean Castex et la ministre Amélie de Montchalin viennent de lui adresser sa lettre de mission. Ce document, qu’Acteurs publics s’est procuré, a une “portée pluriannuelle” et définit les priorités de son action “pour la durée de son mandat”. Des priorités dans la droite ligne des recommandations de la mission Bassères et du décret du 24 décembre dernier qui est venu préciser les missions de cette nouvelle DRH des cadres sup’ de l’État chargée d’impulser de nouvelles pratiques de ressources humaines plus transversales entre les ministères. Passage en revue des 6 missions qui sont confiées à Émilie Piette. 

L’élaboration de la politique RH de l’encadrement supérieur et dirigeant de l’État. Comme prévu, la déléguée aura la tâche d’élaborer les lignes directrices de gestion interministérielles (LDGI), en lien avec les autres ministères. Des lignes qui détermineront la stratégie pluriannuelle de pilotage RH de ces cadres sup’ et qui devront être articulées avec les actuelles lignes directrices de gestion ministérielles. Matignon donnera toutefois désormais le “la”. “Ces lignes directrices, loin de constituer le plus petit dénominateur commun des actuelles politiques ministérielles, devront définir une nouvelle ambition, que les ministères ont vocation à décliner, en tenant compte le cas échéant de leurs spécificités”, expliquent Jean Castex et Amélie de Montchalin dans leur lettre. Une manière de rappeler que la Diese ne sera pas un “Big brother de la GRH interministérielle” comme l’avait affirmé Jean Castex en juillet dernier en réponse à ceux craignant une perte d’autonomie des DRH ministérielles. Quant au suivi de ces LDGI (au travers d’un comité de pilotage que la déléguée présidera, ndlr), le gouvernement charge Émilie Piette de mettre en place un “tableau de bord” de l’encadrement supérieur et dirigeant de l’État “dans une logique de pilotage par les résultats”. Un tableau qui, explique le gouvernement, doit permettre de “mesurer l’atteinte des objectifs et les éventuels écarts aux cibles” fixées dans les lignes interministérielles. Les indicateurs d’évaluations et de performance de la gestion de l’encadrement supérieur, sur lesquels seront basées ces cibles, feront par ailleurs “régulièrement” l’objet d’une “revue” au sein du comité présidé par la Diese. Et même, “périodiquement”, en Conseil des ministres. 

La détection et l’accompagnement des talents. Le gouvernement charge Émilie Piette de constituer des “viviers de cadres démontrant un potentiel pour l’accès à des postes de niveau supérieur à différents moments de leurs parcours professionnels”. À ce titre, la déléguée devra mettre en place 2 viviers “accessibles à l’ensemble des employeurs de l’État”. Le premier devra identifier les cadres susceptibles d’occuper des emplois à la décision du gouvernement. Le second vivier, quant à lui, “agrégera des viviers directement gérés par les ministères et constitués de cadres ayant vocation à occuper des emplois fonctionnels et des emplois de direction”, explique l’exécutif. Le gouvernement demande par ailleurs à Émilie Piette d’élaborer un “cadre commun d’entrée et de sortie des cadres” de ces viviers et “un processus d’évaluation préalable”. “Vous étendrez la détection des talents à d’autres employeurs que l’État, notamment les deux autres versants de la fonction publique ainsi que le secteur privé et vous étudierez l’opportunité de créer un canal de candidatures spontanées pour des personnes extérieures à l’État”, disent aussi Jean Castex et Amélie de Montchalin à l’adresse de la déléguée. Déléguée qui est également chargée de “concevoir et mettre en œuvre” avec l’INSP des parcours de formation et de développement des compétences “adaptés” à chacun des viviers. Cette montée en puissance des viviers s’inscrit dans la droite ligne des préconisations de la mission Bassères qui poussait à une refonte des parcours de direction et au renforcement du rôle du tout nouveau cycle des hautes études de service publics (CHESP).

La diversification des parcours professionnels. Via notamment une incitation à la mobilité. Dans le cadre des LDGI, Emilie Piette devra ainsi définir les différents types de mobilité “souhaitables pour construire des parcours riches et variés” tout comme “les voies et moyens pour les valoriser”. L’occasion pour l’exécutif d’appeler la déléguée à veiller “à ce que la mobilité ne soit pas interprétée de façon trop restrictive par les départements ministériels” : “La mobilité devra permettre aux cadres, dans la mesure du possible, de changer d’environnement ministériel et pas simplement d’univers directionnel”. À ce titre, la Diese devra notamment mettre en place des “programmes accélérateurs de mobilité” (au sein du secteur public mais aussi vers le privé), un “réseau large” d’employeurs potentiels ou encore des “plans de succession” par ministère sur les emplois à “fort enjeu” de manière à anticiper les nominations. La faisabilité d’un dispositif de mécénat de compétences devra également être étudiée par Émilie Piette. Des propositions de sa part sont aussi attendue sur les postes proposés aux cadres en fin de carrière afin de diversifier ces postes. 

La valorisation et le développement des compétences et d’une culture commune. En ce sens, la Diese devra précisément élaborer un “référentiel de compétences” commun à l’ensemble de l’encadrement supérieur de l’État mais aussi coordonner la conception et la mise en œuvre d’évaluations “collégiales des cadres supérieurs et dirigeants de l’État”. La généralisation de l’évaluation était en effet un axe fort de l’ordonnance du 2 juin 2021 de réforme de la haute fonction publique. En tant que tutelle de l’INSP, la Diese devra également contribuer aux différents chantiers que le gouvernement vient de confier à Maryvonne Le Brignonen, la directrice de cet établissement qui vient de remplacer l’ENA. À savoir, la refonte des voies d’accès à l’INSP, la réflexion autour du classement de sortie ou encore les réflexions autour d’une refonte de la formation initiale et de la formation continue. 

L’attractivité et la diversité de la haute fonction publique. L’exécutif attend des propositions d’Émilie Piette pour “promouvoir les métiers de cadres supérieurs et dirigeants” de l’État tout comme pour “promouvoir” la diversité au sein de cet encadrement supérieur. D’où donc sa collaboration aux travaux sur la refonte des voies d’accès à l’INSP. Outre des propositions également attendues sur la lutte contre les discriminations, la déléguée devra aussi poursuivre la démarche de renforcement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la haute fonction publique. À ce propos, elle devra tirer un bilan du programme “Talentueuses”, le programme de coaching récemment lancé pour les femmes dirigeantes dans la fonction publique. “Vous assurerez le suivi de l’obligation de primo-nomination de femmes sur les emplois de direction et dirigeants (le flux, ndlr) et nous ferez des propositions pour renforcer la part des femmes exerçant ces fonctions (le stock, ndlr)”, ajoutent Jean Castex et Amélie de Montchalin. 

L’animation du collectif interministériel et des employeurs de l’État.  Alors que vont être prochainement installés des délégués ministériels à l’encadrement supérieur chargés de décliner la politique fixée par la Diese, le gouvernement demande déjà à Émilie Piette de réaliser un diagnostic et une évaluation des moyens nécessaires au “renforcement de l’accompagnement individuel de l’encadrement supérieur” dans les ministères. La déléguée devra aussi piloter et animer la mise en place de “plans d’actions” en faveur de l’encadrement supérieur dans ces mêmes ministères. Des plans qui intégreront des démarches prospectives d’identification des compétences “nécessaires”, des revues de cadres, des “plans de succession” sur les postes à enjeux, des modalités de mentorat ainsi que d’accompagnement. À noter que la mise en place de ces plans et leurs résultats feront l’objet de “points réguliers” en Conseil des ministres. 

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