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Clara Chappaz : “La puissance publique aura un rôle central pour assurer une stabilité aux start-up”

Directrice de la Mission French Tech, Clara Chappaz revient sur la récente édition de VivaTech et souligne le rôle joué par le secteur public pour assurer stabilité et développement aux start-up, qui contribuent à mettre en œuvre les grandes transitions. L’écosystème des start-up est décloisonné, salue-t-elle.

Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech

Quel bilan dressez-vous de VivaTech 2022 ?
C’était une très belle édition de VivaTech, avec un dynamisme exceptionnel et un public nombreux et heureux de se retrouver. C’est évidemment un moment important pour les start-up, en particulier les start-up françaises. La French Tech s’est construite avec, notamment, la volonté de renforcer l’attractivité de nos start-up à l’international, d’avoir une marque reconnaissable et visible. VivaTech contribue à la notoriété de cette marque “French Tech” et du coq rouge qui la symbolise. La mission French Tech est l’administration du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique en charge de l’accompagnement des start-up. Nous sommes le lien entre les start-up et l’État pour accélérer le développement de cet écosystème jour après jour. Pour la première fois, la Mission French Tech avait à VivaTech un stand que nous avons décidé d’axer sur la transition écologique et en particulier sur les innovations de rupture du secteur de la “green tech”. Nous le savons : les réponses à ces enjeux n’attendent pas et les start-up ont la capacité d’apporter des solutions novatrices, notamment sur les modes de consommation et de déplacement. De nombreuses start-up françaises portent des innovations de rupture avec de nouvelles énergies, de nouveaux matériaux, de nouvelles mobilités… Nous les accompagnons avec le programme “Green20”, qui rassemble 20 pépites de la transition écologique. Nous en avons annoncé, avec le ministre Bruno Le Maire, les nouveaux lauréats à l’occasion de VivaTech. 

Depuis la création de la Mission French Tech en 2013, l’objectif de faire travailler collectivement État, entrepreneurs et investisseurs est central.

Longtemps, les administrations ont travaillé en silos. Le fossé culturel entre public et privé est-il révolu ? 
Depuis la création de la Mission French Tech, en 2013, l’objectif de faire travailler collectivement État, entrepreneurs et investisseurs est central. Aujourd’hui, l’écosystème français des start-up est décloisonné. C’est assez unique et envié : les structures similaires à la nôtre à l’étranger relèvent du privé. Nous sommes l’un des rares pays – peut-être le seul – à avoir une structure publique permettant d’accélérer sensiblement sur nombre d’enjeux cruciaux pour les entrepreneurs : politique fiscale, visas, talents, questions législatives, simplification… Et les résultats sont là.

Comment vous développez-vous dans les territoires ? 
La mission French Tech est une administration nationale basée à la Station F, à Paris. Nous sommes en lien avec les start-up au quotidien. Nous développons et fédérons un réseau de communautés et de “capitales French Tech” en France - dans tous les territoires de l’Hexagone et de l’outre-mer – et à l’étranger, avec une centaine de communautés partout dans le monde, qui gardent ce lien de proximité avec les entrepreneurs. En matière de transition écologique, les potentialités sont nombreuses partout en France. On peut citer Lhyfe, start-up nantaise spécialiste de l’hydrogène vert, ou encore la start-up Ynsect, qui s’appuie sur la production d’insectes pour remplacer les protéines animales, basée à Amiens… Ces entreprises apportent des solutions et des emplois partout sur le territoire. Ce ne sont pas seulement des emplois dans le numérique, ce sont aussi des emplois industriels. 

L’enjeu des talents reste le frein le plus important pour les entrepreneurs aujourd’hui.

Comme dans le secteur public, la question des recrutements est fondamentale…
L’enjeu des talents reste en effet le frein le plus important pour les entrepreneurs aujourd’hui. Parce que l’on parle d’entreprises qui se développent très vite et qui ont besoin de ressources humaines. Aujourd’hui, on compte à peu près 1 million de personnes qui travaillent de manière directe ou indirecte dans les start-up. Ce chiffre devrait doubler d’ici 2025. Et malheureusement, il y a environ 50 000 postes par an qui ne sont pas pourvus. Cela s’explique par la difficulté d’accès aux talents, mais aussi parce que l’écosystème n’est pas encore assez divers ; il se tourne vers les mêmes profils : 80 % des métiers du numérique sont pourvus par des hommes. Un de nos enjeux est d’aller chercher des talents ailleurs, avec notamment le programme ”French Tech Tremplin”, qui permet à des personnes éloignées de l’entrepreneuriat de bénéficier d’un accompagnement pour créer leur start-up. Ce sont des entrepreneurs réfugiés, boursiers, issus de quartiers prioritaires de la politique de la ville…

Quelles sont les perspectives d’ici la prochaine édition de VivaTech, en 2023 ? 
Nous sommes dans un contexte économique plus incertain, qui peut poser des questions sur le financement des entreprises innovantes. Elles ont été, l’année dernière, très bien financées, avec 12 milliards d’euros investis dans les start-up – et 8 milliards d’euros sur le premier semestre. Les signes d’un ralentissement sont déjà visibles : les levées de fonds sont plus longues, les valorisations ne sont plus les mêmes… Dans ce cadre, l’une de nos priorités va être de renforcer l’agenda européen. Bruno Le Maire avait annoncé, mi-février, la création d’un fonds au niveau européen pour les start-up, doté aujourd’hui de 4 milliards, puis à terme 10 milliards d’euros. Aujourd’hui, les levées de fonds à des stades avancés – on parle de très gros tours de table – dépendent beaucoup d’acteurs américains et asiatiques. Nous devons nous doter de moyens de financement européens pour permettre une stabilité. La puissance publique peut jouer un rôle central en la matière pour assurer cette stabilité aux start-up dans leurs futures étapes de leur développement. 

Propos recueillis par Sylvain Henry

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