Partager

5 min
5 min

Comment la rémunération indemnitaire des enseignants va être augmentée

Emmanuel Macron vient d'annoncer des augmentations pour les enseignants pouvant aller “jusqu'à 500 euros de plus par mois”. Le ministère de l'Éducation vient de donner des détails sur cette revalorisation et, surtout, sur la manière dont cette hausse va prendre forme. Certaines augmentations seront inconditionnelles alors que d'autres seront conditionnées à l'exercice de fonctions supplémentaires. 

Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye

“Mieux reconnaître et mieux payer les professeurs”. En déplacement dans l'Hérault ce jeudi 20 avril, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé une hausse de salaire “entre 100 et 230 euros nets en plus par mois” pour tous dès la rentrée de septembre. Une hausse inconditionnelle, pour tous les enseignants, qui s'accompagnera d'une augmentation liée à de nouvelles missions basées sur le volontariat (le fameux “pacte” tant décrié par les syndicats). Au total, a précisé le chef de l'État, cette hausse pourra aller “jusqu'à 500 euros de plus par mois”. 

Mais comment et sous quelle forme seront augmentés les enseignants ? Le ministère de l'Éducation nationale vient d'apporter un certain nombre de précisions. Qu'il s'agisse de son premier volet (la partie “socle”) ou de son second (la partie “pacte”), cette revalorisation des enseignants sera d'ordre indemnitaire et non indiciaire. Aussi, le salaire gagné au titre de ces revalorisations ne sera pas pris en compte pour le calcul des retraites des enseignants. Comme pour l'ensemble des fonctionnaires et contrairement aux salariés du privé, les retraites des enseignants sont en effet calculées uniquement sur la rémunération indiciaire. Un point sur lequel le gouvernement n'est pas revenu dans le cadre de sa réforme des retraites.

Doublement de la prime statutaire

S'agissant du premier volet de revalorisation, la partie dite “socle”, les enseignants verront doubler leur prime statutaire. À savoir, pour les enseignants du 1er degré, l'indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves (ISAE) et, pour les enseignants du second degré, l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (ISOE). 

Ces indemnités vont ainsi être portées à près de 2 550 euros bruts annuels, ce qui représente une augmentation de quelque 1 350 euros pour l'ISAE et de 1 300 euros pour l'ISOE. “Tous les professeurs bénéficieront à ce titre d'une hausse de rémunération de près de 100 euros nets par mois”, promet la Rue de Grenelle. À noter que les professeurs documentalistes verront aussi leur indemnité de sujétions particulières relevée à 2 550 euros par an. 

Ces augmentations concerneront également les enseignants exerçant des “fonctions particulières” comme les conseillers pédagogiques, les enseignants référents à la scolarité des élèves en situation de handicap, les enseignants référents pour les usages du numérique, les enseignants en milieu pénitentiaire, ou les maîtres formateurs et formateurs académiques. Ceux-ci “bénéficieront d’une augmentation identique à celles de l'ISAE et de l'ISOE”, explique le ministère. Idem pour les CPE (conseillers principaux d'éducation) et les psychologues de l'Éducation nationale dont l'indemnité de fonction va être revalorisée “du même montant que celle de la part fixe de l'ISOE”.

Des mesures pour les débuts de carrière mais pas que 

Des revalorisations sont également prévues pour les professeurs exerçant en lycée professionnel agricole ou maritime et pour ceux exerçant dans les établissements relevant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE). Les professeurs principaux de première, de terminale et de 2e année de CAP verront aussi relevée “de plus de 50 %” la part modulable de leur ISOE “pour atteindre 1 476 euros bruts par an”. Une augmentation qui s'ajoutera à la hausse de la part fixe de cette ISOE.

“Afin d'augmenter significativement la rémunération à l'entrée dans le métier”, le gouvernement prévoit par ailleurs des mesures pour les enseignants en début de carrière. La prime d'attractivité va en ce sens être “revalorisée” pour les 15 premières années de carrière. Et ce, en plus du doublement des primes statutaires. L'exécutif promet ainsi une “rémunération d'au moins 2 000 nets par mois garantie dès la titularisation” pour les enseignants, les CPE ou les psychologues de l'Éducation nationale. Cette prime d'attractivité sera également étendue aux professeurs stagiaires qui devraient ainsi bénéficier d'une hausse de 160 nets par mois.

Après 15 ans d'ancienneté, les enseignants devront donc se contenter du doublement de leur prime statutaire (l'ISAE et l'ISOE), mais ils pourront néanmoins bénéficier de nouvelles possibilités pour être promus plus facilement à la “hors classe” et à la “classe exceptionnelle”, avec les revalorisations associées.

1 250 euros par mission supplémentaire

Quant au second volet de la revalorisation, le fameux “pacte”, les enseignants pourront bénéficier d'une “hausse supplémentaire de rémunération” à condition donc d'effectuer des missions supplémentaires sur la base du volontariat. Sorte d'illustration du slogan sarkozyste “Travailler plus pour gagner plus” appliqué aux enseignants. 

Cette hausse viendrait ainsi s'ajouter à la revalorisation “sans condition” de la partie “socle”. Dans le détail, ces missions pourront être assurées soit sous la forme d'un volume horaire annuel soit sous la forme d'un engagement annuel. “Chaque mission fera l'objet d'une rémunération forfaitaire de 1 250 euros bruts annuels”, explique le ministère. “Soit 3 750 euros bruts annuels pour 3 missions”, le “pacte" complet. Ce sera 2 500 euros pour les missions supplémentaires.

“Afin de garantir la lisibilité de la rémunération, celle-ci sera versée sous la forme d'une ou de plusieurs parts fonctionnelles de l'ISAE ou de l'ISOE”, précise la Rue de Grenelle en mettant en avant le montant de l'heure rémunérée au titre de ces missions supplémentaires. Un montant supérieur aux heures supplémentaires traditionnelles, selon le ministère.

Deux types de missions supplémentaires 

Mais quelles sont précisément les nouvelles fonctions que les enseignants sont amenés à remplir dans le cadre de ce pacte ? Un premier ensemble de missions porte sur des activités pédagogiques “en présence des élèves”. Dans le premier degré, les professeurs pourront ainsi être amenés à assurer les sessions hebdomadaires de soutien ou d’approfondissement en français ou en mathématiques qui vont être mises en œuvre pour les élèves de 6e. Ils pourront aussi participer au dispositif “Devoirs faits”, apporter un soutien renforcé aux élèves en difficulté à l’école élémentaire ou encore accompagner les élèves en difficulté dans le cadre des stages de réussite proposés lors des vacances scolaires. Dans le second degré, les professeurs pourront quant à eux être amenés à effectuer des remplacements de “courte durée“ participer au dispositif “Devoirs faits“ (accompagnement au travail personnel) et également, comme leurs collègues du premier degré, accompagner les élèves en difficulté dans le cadre des stages de réussite. 

S'ils s'engagent dans ce pacte et dans ces missions précitées, les enseignants devront effectuer 18 heures de remplacement ou de soutien en français/mathématiques pour bénéficier de la revalorisation associée. Ce sera 24 heures pour les autres missions de “face-à-face pédagogique”.

Pas de volume horaire à remplir en revanche pour le second ensemble de missions qui portera pour sa part “sur le bon fonctionnement des écoles ou des établissements et sur les projets des équipes”. Dans ce cadre, les enseignants qui choisiraient ces missions devraient par exemple participer à “la coordination et la mise en œuvre de projets pédagogiques innovants” ou bien à “l’accompagnement renforcé des élèves à besoins éducatifs particuliers, notamment les élèves en situation de handicap”. Pour les professeurs du second degré, il s'agirait aussi de la “coordination du dispositif de découverte des métiers de la 5e à la 3e”, par la prise en charge des élèves par niveau et la coordination ou l'animation du dispositif en lien avec les entreprises.

Partager cet article

Club des acteurs publics

Votre navigateur est désuet!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×