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L’écologie et les territoires, les inconnues administratives du gouvernement

Le gouvernement d’Élisabeth Borne, nommé vendredi 20 mai, est notamment marqué par un grand chambardement des ministères chargés de l’écologie et des territoires, un éclatement en 3 des ministères sociaux, et une autonomisation des Sports.

Amélie de Montchalin (à gauche), nommée ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires le 20 mai, dans le gouvernement d’Élisabeth Borne (à droite).

À chaque début de quinquennat son redécoupage des périmètres ministériels. L’annonce de la composition du gouvernement d’Élisabeth Borne, le 20 mai, ne déroge pas à la règle.  

Écologie et Territoires. Le changement le plus important concerne les politiques publiques de l’écologie des territoires et de l’énergie. Emmanuel Macron avait annoncé, au cours de sa campagne, sa volonté de laisser le pilotage de ces politiques directement au Premier ministre, assisté de 2 ministres “auprès”. En réalité, 2 ministres de plein exercice traiteront le dossier en lien avec la Première ministre : Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui grimpe à la sixième place dans l’ordre protocolaire et quitte pour ce faire la tête du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques ; la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, venue des ministères de Bercy. Il faudra désormais analyser l’ampleur des conséquences administratives. La Première ministre a d'ores et déjà levé un coin du voile sur l'organisation administrative en annonçant la création d’un secrétariat général à la planification écologique. "Placé auprès d’elle", il sera chargé de coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire. Il "veillera à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement", ont précisé les services de Matignon. A sa tête, la cheffe du gouvernement a décidé d'y nommer l'ingénieur en chef des mines Antoine Pellion. Il assurera aussi les fonctions de conseiller au cabinet de la Première ministre, en tant que chef de pôle Écologie, Transports, Énergie, Logement et Agriculture. Ancien directeur général de La République en Marche, il était jusqu'ici conseiller écologie, transports, énergie, logement et agriculture (chef de pôle) au cabinet du Premier ministre Jean Castex. Il a aussi conseillé Emmanuel Macron à l'Elysée.

Le pôle social éclaté en 3. Le Président a nommé 3 ministres de plein exercice dans le champ social : deux personnalités venues initialement de la gauche – Brigitte Bourguignon (Santé et Prévention) et Olivier Dussopt (Travail, Plein Emploi et Insertion), également chargé du sensible dossier des retraites – et une venue de chez LR : Damien Abad (Solidarités, Autonomie et Personnes handicapées). Ils partageront notamment leur autorité sur le secrétaire général qu’ils auront en commun. Jusqu’alors, ce ministère était scindé en 2 ministères de plein exercice. Ces 3 ministres vont piloter 3 grosses réformes : celles des retraites, du système de santé et de la dépendance.  

Bercy reste sous l’autorité d’un seul homme. Le Président a confirmé à son poste Bruno Le Maire et a revu son titre : il est désormais ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et devient ainsi le numéro 2 du gouvernement. Il garde la main sur le budget avec un ministre délégué aux Comptes publics proche du Président : Gabriel Attal. Une belle promotion pour ce jeune macroniste, jusqu’alors porte-parole du gouvernement.  

Les Sports de nouveau autonomes. Ballottés depuis des décennies et jusqu’ici rattachés à l’Éducation nationale, les Sports regagnent leur autonomie perdue au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron : Amélie Oudéa-Castéra est nommée ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques. La nomination de cette condisciple d’Emmanuel Macron à l’ENA, profil de haut niveau et actuelle directrice générale de la Fédération française de tennis, ancienne joueuse professionnelle elle-même, préfigure peut-être un changement d’optique pour ce ministère au positionnement erratique. Le mandat macronien avait enraciné les Sports dans une “culture du Yo-Yo” qui était la leur depuis quarante ans avec, en creux, une vision du sport fluctuante au gré des mandats : tantôt une vision éducative, tantôt une conception résultant d’une approche davantage centrée autour de la santé et du bien-être. L’arrimage à l’Éducation nationale décidé au cours du premier quinquennat paraissait avoir amorcé cette fois-ci un virage durable. La relégation dans l’organigramme protocolaire du gouvernement en juillet 2020 avait en effet suivi un mouvement administratif : l’inspection des sports a au préalable été avalée par une grosse inspection “educ-sup’-recherche” (l’IGESR). Et en centrale, la direction des sports enregistre l’arrivée d’un acteur de poids : un gros opérateur dénommé Agence nationale du sport.

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