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Quelles politiques publiques après la campagne ?

Les promesses de campagne n’aboutissent pas toujours à la mise en œuvre de politiques publiques dédiées. Sauf celles qui retiennent l’attention médiatique. La réforme de l’action publique doit être de celles-là.

Les politiques publiques mises en œuvre à l’issue d’une élection sont-elles effectivement celles qui ont été en débat pendant la campagne et validées par le scrutin ? Au fond, à quoi servent les élections ? La question, qui prend tout son sens alors que la bataille pour l’Élysée est déjà engagée, est au cœur de l’ouvrage Do elections (still) matter ? (Oxford University Press) que publient les chercheurs Isabelle Guinadeau (CNRS) et Emiliano Grossman (Sciences Po). Leurs conclusions, basées sur un travail fouillé mené dans 4 pays européens, dont la France, inquiètent et rassurent tout à la fois. Le contenu de l’offre politique proposée pendant une campagne est conditionné par la rivalité entre écuries.

Les un(e)s essayent en permanence de comprendre ce que les autres mettent en avant, et agissent en conséquence. Aussitôt qu’un thème avancé prend la lumière médiatique, les candidats s’empressent de le reprendre. En prolongement, les enjeux au centre de ce que l’ouvrage décrit comme le “tunnel de l’attention” sont ceux les plus à même de faire l’objet de réformes structurantes l’élection passée. Les problématiques moins mises en débat pendant la campagne ne sont pas délaissées pour autant après le scrutin mais leur mise en œuvre est alors plus incertaine.

Il faut que l’action publique reste dans le tunnel de l’attention.

Cette connexion entre promesses électorales et politiques publiques fait l’objet de travaux de recherche réguliers. En 2017, un projet européen soutenu par l’Agence nationale de la recherche observait que les engagements électoraux sont mieux tenus qu’on pourrait le craindre, avec un taux allant de 45 % en Irlande jusqu’à 86 % au Royaume-Uni. La France se situe dans une moyenne basse, avec 55 % de promesses tenues. La faute, donc, à une campagne bien davantage déterminée par le lien de compétition entre candidat(e)s plutôt que par celui entre candidats et électeurs. Et de fait, par les enjeux médiatiques assez limités mis en avant – quand bien même ces enjeux sont forcément importants.

Alors que la sortie de crise espérée se complique, jamais, peut-être, notre modèle d’organisation publique, sa capacité de résistance mais aussi – surtout ? – ses limites et ses besoins de transformation, n’ont été autant au cœur du débat. Il faut que l’action publique reste dans le tunnel de l’attention – et la rédaction d’Acteurs publics s’y emploiera – pour favoriser une réforme de l’action publique structurelle et ambitieuse sitôt l’élection passée. Les promesses des candidats doivent porter cette ambition. 

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Club des acteurs publics

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