Deuxième appareil de formation de l’État après l’Éducation Nationale, le ministère des Armées accélère en matière de reconversion et forme désormais des agents au niveau interministériel. "Dans un contexte de tension sur certains métiers, il est indispensable de s’appuyer sur les talents internes, traduit Valérie Navellou, directrice de projet formation au Minarm. D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que la formation est également un outil de fidélisation."
Dans cette perspective et dans un contexte de pénurie de profils sur les métiers du numérique, le ministère a donc lancé une formation au métier de chef de projet numérique. "C’est un métier en grande tension, confirme Valérie Navellou. Nous proposons de former les agents sur la base de volontariat même s’ils n’ont pas de background dans le domaine. Nous faisons le pari qu’il s’agit d’un métier transverse accessible à tout un chacun avec une formation adaptée."
Un parcours de "reskilling" a donc été développé dans un premier temps pour qualifier les agents du ministère des Armées. Le projet a été soutenu par France Relance et ouvert à l’interministériel début 2022. Élysée, services du Premier Ministre, Éducation nationale, Cnil, ministère des Solidarités et de la Santé, Intérieur ou encore Transition écologique, un nombre important de ministères ont d’ores et déjà envoyé leurs agents se former. Deux profils de publics bien distincts participent à cette formation, les agents travaillant déjà dans le domaine du numérique et qui souhaiteraient monter en compétences, et des agents issus de directions métiers comme les ressources humaines, par exemple.
Suivre le rythme soutenu des mutations
Au total, la formation au métier de chef de projet numérique s’étend sur une durée de trois mois, en mode hybride avec du présentiel et du distanciel. "Il ne faut pas oublier que les personnes formées continuent de travailler en parallèle, il est donc essentiel de s’adapter à leur rythme", souligne Valérie Navellou. La formation comprend également un accompagnement continu et assure l’animation de la communauté des participants. Un élément primordial, selon la directrice de projet formation. "Nous sommes dans une démarche de reconversion, il faut penser le parcours pour qu’il soit attractif", ajoute Valérie Navellou. Fast learning, serious game, conseils d’experts, classes virtuelles, travaux à rendre, les modalités pédagogiques ont été élaborées pour rendre le cursus le plus attrayant possible. "La formation doit intégrer tous les nouveaux modes d’apprentissage ce qui bouleverse l’ingénierie pédagogique", insiste Valérie Navellou. Ajoutons également qu’il s’agit d’une formation certifiante.
"La première promotion est très enthousiaste, assure Valérie Navellou. A l’issue des trois mois, certains agents entrent en fonction immédiatement. Sachant que l’ambition est de proposer une formation opérationnelle avec l’objectif prioritaire de répondre aux besoins."
A date, une trentaine de personnes ont été formées et l’objectif est d’aller au-delà des 230 agents certifiés en juin 2023. "Le projet est tellement plébiscité par les autres ministères et les agents que le plan de relance de l’État a décidé de l’étendre aux directions métiers", rappelle Valérie Navellou. Le contenu de la formation va également être mis en ligne sur Mentor, la plate-forme interministérielle de digital learning.
"Il est essentiel de travailler sur la fidélisation des personnes et de se doter des compétences adaptées aux évolutions des emplois, conclut la directrice de projet formation. Au ministère des Armées, nous ne perdons pas de vue que la formation est une composante de l’escalier social, il faut donner la possibilité de progresser tout au long de sa carrière."
