L’intelligence artificielle (IA) ne serait-elle pas encore tout à fait au point ? Alors qu’une vingtaine d’expérimentations, pas toujours concluantes, ont été conduites ces deux dernières années dans le secteur public, le Lab IA, le laboratoire d’intelligence artificielle de la DSI de l’État – la Dinum –, veut soutenir des partenariats scientifiques entre administrations et laboratoires de recherche. Un appel à candidatures est ouvert jusqu’au 30 septembre pour identifier les projets d’administrations qui nécessiteraient des avancées scientifiques.
L’appel à candidatures s’inscrit dans le cadre du partenariat scientifique passé entre la Dinum et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) en avril 2020. L’institut, qui est par ailleurs le maître d’orchestre de la stratégie nationale de recherche en IA, a déjà aidé l’État à sélectionner les projets des administrations dans le cadre de son deuxième appel à expérimentations, en évaluant le degré de maturité et la faisabilité technique de ces projets. En 2019, le Lab IA avait déjà financé l’emploi de 4 ingénieurs ou chercheurs de l’Inria pour qu’ils travaillent sur 4 projets d’administrations lauréates du second appel à projets.
Le Lab IA entend donc faire bénéficier 6 nouvelles administrations d’État (administrations centrales, déconcentrées et opérateurs) de son partenariat avec l‘Inria. L’objectif de ce nouvel appel est “de lever des verrous technologiques que les administrations lauréates auraient pu rencontrer dans l’implémentation d’une solution IA à leurs besoins existants”, précise son cahier des charges. La Dinum reconnaît donc à demi-mot que les expérimentations conduites jusqu’à présent n’ont pas toutes pu produire les effets attendus.
L’appel vise aussi bien à “accélérer” des projets déjà entamés qu’à permettre le lancement de projets “qui n’auraient pas vu le jour sans cet accompagnement” scientifique. Et ce quelle que soit la technologie utilisée par l’administration : traitement automatique du langage naturel, vision par ordinateur, apprentissage automatique à partir de données…
Des chercheurs aideront ainsi pendant un an les administrations lauréates à réaliser un prototype fonctionnel, grâce à un simple transfert de technologie ou un développement informatique spécifique lorsque c’est nécessaire, par exemple pour développer une interface ou mettre au point de nouveaux algorithmes. Au bout d’un an, il sera décidé, sur la base de ce prototype, s’il doit être industrialisé ou abandonné.
21 expérimentations depuis 2018
Depuis 2018 et dans la foulée du rapport Villani sur l’intelligence artificielle, 21 expérimentations ont été menées dans les administrations, avec l’appui de la Dinum et de la direction interministérielle de la transformation publique (DITP). La première assurant l’accompagnement technique, et la seconde l’accompagnement au changement. Un an plus tard, les 6 premiers projets affichaient des résultats imparfaits mais prometteurs dans différents domaines de l’action publique : ciblage des contrôles de l’Autorité de sûreté nucléaire et de la police de l’environnement, détection des constructions illégales (caravanes, piscines…) dans l’Hérault à partir d’images aériennes, ou réponse aux questions des utilisateurs du chèque emploi associatif grâce à un agent conversationnel (voice-bot).
Un laboratoire d’intelligence artificielle avait ensuite été créé au sein de la Dinum en 2019, sur la recommandation du rapport Villani. Cet organisme sans existence formelle associe plusieurs compétences existantes à Etalab, afin de mieux structurer l’accompagnement des administrations dans l’exploitation automatisée de données et pour développer, quand c’est nécessaire, des outils communs pour entraîner des intelligences artificielles.
