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L’État renforce encore l’attractivité salariale de sa filière “tech”

Afin de combler les besoins de l’État en matière de compétences numériques, le gouvernement met l’accent sur la communication pour faire connaître les missions proposées. Il entend également faciliter les procédures de recrutement de contractuels en portant son référentiel des métiers en tension de 15 à 58 métiers. Avec, à la clé, des salaires plus attractifs et des recrutements accélérés.

C’est désormais un “marronnier”. À chaque gouvernement son plan pour attirer et fidéliser les experts du numérique que tous s’arrachent, dans le privé comme dans le public, pour mener à bien la transformation de l’État. La ministre de la Transformation publique, Amélie de Montchalin, a donc présenté le sien, à un an de la présidentielle, et seulement deux ans après le précédent plan d’action mis au point par la direction interministérielle du numérique et la direction générale de l’administration et de la fonction publique pour mieux recruter et conserver les talents du numérique au sein de l’État. Plan qui avait lui-même fait suite à la circulaire Cazeneuve de 2017 sur la gestion des ressources humaines dans le domaine.

À l’occasion d’un déplacement, le 20 mai, à l’école d’ingénieurs informatiques de Paris (Epita) pour rencontrer de jeunes stagiaires dans le secteur public, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a donc présenté une nouvelle série de mesures pour booster l’attractivité de l’État. Cette campagne de communication s’inscrit dans celle, plus large, de renforcement l’attractivité de l’État auprès des jeunes lancée en mai par le gouvernement. “On constate d’un côté, et depuis longtemps déjà, que bon nombre de postes restent vacants dans le numérique d’État. Et de l’autre, que l’État sait attirer, quand il fait l’effort de proposer des missions attractives, avec des programmes comme les Entrepreneurs d’intérêt général”, explique-t-on dans l’entourage de la ministre. 

Pour l’exécutif, la bataille se joue donc d’abord sur le front de la communication. “Il faut que dans l’esprit des gens, des experts du numérique, l’État soit considéré comme un employeur dans la « tech »”, confie encore le cabinet de la ministre. Une plate-forme de recrutement dédiée aux emplois dans le domaine des systèmes d’information et du numérique va ainsi être lancée d’ici la fin de l’année. Elle permettra aussi de mettre en avant les “parcours” dans le secteur public. Plusieurs capsules vidéo ont ainsi été réalisées et diffusées, déjà, sur les réseaux sociaux, pour contrer les a-priori sur la fonction publique et la “tech”, et montrer la diversité de ses profils et métiers. 

Grille des salaires

Même si l’avantage de l’État repose beaucoup sur la notion d’intérêt général, l’attractivité passe aussi, plus prosaïquement, par des questions d’argent. À ce titre, le ministère a décidé non seulement de pérenniser sa grille interministérielle des salaires pour les métiers en tension, mais surtout de l’étendre considérablement. Le référentiel dont nous révélions le contenu en 2019 passera ainsi de 15 à 58 métiers, soit l’ensemble des métiers du numérique recensés au sein de l’État. Ce premier référentiel proposait pour ces 15 métiers les plus rares (datascientists, auditeurs en sécurité des systèmes, directeurs de projets SI…) une grille des salaires alignée sur ce qui se pratique dans le secteur privé, dans l’objectif de mieux rémunérer les agents contractuels, mais aussi d’harmoniser les pratiques entre les différents ministères pour éviter les phénomènes de concurrence.

La mise en place de ce nouveau référentiel s’accompagne en outre d’un assouplissement de taille pour faciliter les recrutements et surtout raccourcir le processus : sous un certain plafond salarial et d’expérience, le visa des contrôleurs budgétaires et comptables ministériels (CBCM) – introduit en 2006 dans l’objectif de mieux contrôler les dépenses publiques – n’est plus nécessaire, en amont du recrutement tout du moins. Désormais, ce sont donc les 58 métiers numériques de l’État qui pourront bénéficier de cet assouplissement, lorsque le référentiel élargi, en cours de construction, sera finalisé. 

Construction de carrière 

Contrairement aux précédents plans d’action, la ministre ne s’attarde cette fois pas sur les types de contrats (le recours au CDI étant encouragé depuis 2017, bien que le CDD reste encore aujourd’hui la norme), mais s’arrête tout de même sur la construction de carrière dans le numérique d’État. “L’enjeu de la formation est important à deux titres : d’abord elle doit permettre à nos 18 000 informaticiens de monter en compétences ou de les adapter, par exemple aux sujets du cloud, des données ou du design d’expérience utilisateur. Elle doit aussi permettre aux agents non experts, et notamment les cadres, de s’approprier les enjeux propres à la transformation numérique”, précise l’entourage d’Amélie de Montchalin.

Plusieurs projets de formation vont ainsi être financés dans le cadre du plan de relance. L’un d’entre eux vise justement à ouvrir à l’interministériel le “cycle supérieur du numérique” destiné à sensibiliser les cadres supérieurs de l’État aux enjeux du numérique et à leur apporter des outils et méthodes “leur permettant de devenir acteurs de la transition numérique”. Ce cycle de formation a été expérimenté en 2019 et 2020 auprès de 20 cadres de Bercy. Les 100 000 euros que lui accorde le plan de relance devront financer son ouverture à un plus large public et la refonte de son contenu et de son format.

L’État financera également la formation des agents de la direction générale du Trésor à l’exploitation des données, la reconversion d’agents publics du ministère des Armées en chefs de projets SIC ou encore l’appropriation des outils numériques de travail pour ceux de l’Insee, ainsi que du personnel de l’université de Nantes.

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