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Norbert Mouyal : “La prévention des RPS doit être au cœur du management des années à venir”

Le metteur en scène Norbert Mouyal, auteur de la pièce Bien naître au travail, souligne la nécessité de placer la prévention des risques psychosociaux (RPS) au cœur de la gestion des ressources humaines des organisations. Une problématique qu’il estime devenue prioritaire avec la crise sanitaire.

Pourquoi considérez-vous que les risques psychosociaux doivent être appréhendés comme l’un des enjeux phares des années à venir en matière de management ? Cette problématique, sujet principal de votre pièce Bien naître au travail, doit-elle s’installer au cœur des réflexions en matière de gestion des ressources humaines ?
Pour avoir œuvré au sein de différentes organisations sur les enjeux de management des ressources humaines, notamment au sein de l’éducation nationale, je peux témoigner de l’impact de la crise sanitaire sur la gestion des équipes. Face aux risques psychosociaux (RPS), des solutions existent qui passent par un travail d’anticipation, de sensibilisation et de détection des signaux faibles, mais elles sont insuffisamment utilisées. La prise de conscience doit pleinement s’opérer aujourd’hui et la prévention des RPS et du burn-out doivent être au cœur du management des prochaines années. Les décideurs doivent s’en saisir totalement, particulièrement en matière de prévention, pour laquelle une culture et un savoir-faire sont encore à instaurer. La prévention des RPS et du burn-out doit être érigée en priorité. Et cela dans toutes les organisations. En la matière, toutes les tailles d’organisations publiques sont concernées, des grandes administrations aux plus petites collectivités. Ce constat m’a amené à me saisir et à adapter l’ouvrage d’Aude Selly Quand le travail vous tue, histoire d’un burn-out et de sa guérison. Le sujet est terriblement d’actualité et proposer un autre regard, que permet le théâtre, est utile et nécessaire.

Les personnes touchées par un burn-out sont très investies dans leur travail et très compétentes.

Il y aura donc un avant et un après Covid en la matière ? 
Les collaborateurs comme les managers ont été perturbés dans leurs habitudes de travail, leur relationnel a changé. La défiance s’est instaurée : on ne se serre plus la main, on ne s’embrasse plus ; un contexte anxiogène perdure, présent en permanence. Il s’ajoute à la charge de travail importante des managers. Pour préparer cette pièce, nous avons interrogé de nombreuses organisations pour mesurer l’ampleur du phénomène et nous avons multiplié les témoignages. Les personnes touchées par un burn-out ou plus largement, par les risques psychosociaux sont très investies dans leur travail et très compétentes. Elles ne regardent pas leur temps ; elles travaillent à la maison le soir et le week-end ; elles négligent leur vie privée et leur vie familiale ; elles ne se rendent pas compte qu’elles vont dans le mur. Et un jour, le corps lâche, il ne suit plus. On le voit dans la pièce avec un personnage principal qui est joué par 2 femmes, avec un effet miroir qui met en lumière ce qui ne va pas dans le quotidien de cette personne. L’une et l’autre des doubles s’opposent souvent, l’une se demande si la structure professionnelle n’est pas responsable de la situation. 

Quelles sont les pistes à privilégier par les responsables RH et décideurs publics en matière de prévention ? 
Souvent les responsabilités – ou plutôt les causes – sont multiples. Et trop souvent, ces enjeux sont évoqués avec gêne, de manière feutrée. Il faut assumer cette problématique et libérer la parole. Il faut échanger pour mieux vivre ensemble. On estime à 11 % les personnels touchés par les risques psychosociaux et le burn-out en France. L’épuisement personnel est fort. En face, l’accompagnement est insuffisant. Tout comme la formation des managers pour détecter les situations et les prévenir. Des groupes de parole peuvent être créés ; des lieux et des habitudes d’échanges instaurés. L’organisation doit mettre en avant la nécessité que chacun soit attentif au comportement des uns et des autres au sein des équipes. Il faut basiquement regarder, observer, échanger. Et cela dans les deux sens : du collaborateur vers le manager et du manager vers le collaborateur. Plus largement, le sujet doit être mis au cœur du débat public. Il ne faut pas oublier que toutes les grandes transformations impactent les femmes et les hommes qui composent l’organisation. Aborder ce sujet dans une pièce de théâtre permet de toucher les spectateurs, de créer une émotion, d’interpeller. L’objectif est d’entraîner une prise de conscience et une incitation à agir. L’émotion permet la mise en mouvement. J’ai voulu aiguiser le regard de chacun sur ce sujet tellement d’actualité. La vie des individus est faite de deux composantes : leur vie privée et leur travail. La bonne articulation entre les deux permet d’avancer. La sérénité professionnelle est essentielle.

Inscriptions et renseignements : Bien naître au travail, de Norbert Mouyal, les 16, 23 et 30 novembre 2021 à 21 h 00 au théâtre Darius Milhaud, à Paris. 

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Club des acteurs publics

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